Cette rubrique est composée de deux parties : une note rédigée par Enerdata et le Trilemme de l’énergie des États-Unis, issu des travaux du Conseil Mondial de l’Énergie.
Politiques énergétiques
En 2021, les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50 à 52 % par rapport au niveau de 2005 d'ici à 2030. Cet objectif est inclus dans la contribution déterminée au niveau national (CDN) actualisée du pays en 2022, avec un objectif intermédiaire de 26 à 28 % en dessous du niveau de 2005 en 2025 ; c’est deux fois plus ambitieux que l’objectif fixé dans la première CDN. En 2016, le pays, représentant environ un cinquième des émissions mondiales de GES, a formellement ratifié l’Accord de Paris, mais l’administration Trump s’en est retirée en 2020. L’administration Biden a réintégré le pays à l’accord en 2021.
Les émissions de GES des États-Unis ont rebondi de 7 % en 2021, pour atteindre 5,6 GtCO2eq, soit un niveau inférieur de 17 % à celui de 2005. Précédemment, elles ont reculé de 11 % en 2020 du fait de la pandémie de Covid-19. Le transport représentait 29 % des émissions en 2021, suivi par le secteur électrique (25 %) et l’industrie (24 %). Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), le pays devrait réduire ses émissions de GES, grâce à la mise en œuvre de la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, IRA) d’environ 35 à 43 % par rapport au niveau de 2005 d'ici à 2030.
Avec la loi sur la réduction de l’inflation, promulguée en 2022, l’administration Biden a lancé un programme de réformes écologiques et sociales, dont le principal volet concerne le climat. D’après le Bureau du budget du Congrès américain (CBO), ce texte prévoit de lever environ 738 milliards de dollars (MdUS$) sur la période 2022-2031, dont 391 MdUS$ seront destinés à la lutte contre le changement climatique et à la sécurité énergétique. Ces dépenses, visant à développer la production de technologies vertes et à décarboner le secteur énergétique, prennent principalement la forme de crédits d’impôt pour les entreprises et les ménages.
Situation énergétique
Le pays est un producteur majeur d’énergies fossiles. La production pétrolière (brut et liquides de gaz naturel) a augmenté de 6,5 % en 2022, atteignant 762 Mt, après une faible progression en 2021 (1 %) et une baisse de 5 % en 2020. Précédemment, elle a plus que doublé entre 2011 et 2019 (10 %/an). Les sources non conventionnelles représentent désormais environ 50 % de la production totale de pétrole. Depuis 2017, les États-Unis sont devenus le premier producteur de pétrole du monde. La production de gaz naturel a augmenté d’environ 4 % en 2021 et 2022 pour atteindre un niveau record de 1 027 Gm3. La tendance est légèrement en dessous de sa tendance pré-Covid (5 %/an entre 2005 et 2019). Cette hausse est principalement liée à l’augmentation de la production de gaz de schiste, qui est passée de 53 Gm3 en 2006 à 792 Gm3 en 2022 (77 % de la production totale de gaz). Les exportations de gaz naturel ont plus que quadruplé depuis 2014, atteignant 201 Gm3 en 2022, le GNL représentant plus de 75 % des volumes exportés en 2022.
Figure 1. Production de pétrole brut et de liquides de gaz naturel, 2010-2022
Source : Enerdata, Global Energy & CO2 Data
La capacité électrique installée du pays s’élève à 1 187 GW (fin 2022). Elle est dominée par le gaz (42 %), suivi du charbon (17 %), de l’éolien (12 %), de l’hydroélectricité et du solaire (9 % chacun) et du nucléaire (8 %). Au total, les énergies renouvelables représentent 31 % de la capacité totale. La production d’électricité a augmenté de 3 %/an depuis 2020, atteignant 4 510 TWh en 2022, après être restée à peu près stable entre 2005 et 2019 et en baisse de 3 % en 2020. La part totale des énergies renouvelables a atteint 23 % en 2022, contre 11 % en 2010. La part des sources décarbonées (y compris nucléaire) a atteint 41 % en 2022 (+ 10 points depuis 2010).
La consommation par habitant était d’environ 6,5 tep/hab (dont 12,2 MWh/hab d’électricité) en 2022, soit plus de 60 % de plus que la moyenne de l’OCDE. La consommation totale du pays a augmenté de 2 % en 2022 pour atteindre 2,19 Gtep, après une hausse de 5 % en 2021 et une baisse de 8 % en 2020. Elle est restée relativement stable entre 2010 et 2019. Les États-Unis sont le 2ᵉ consommateur d’énergie au monde, depuis que la Chine leur a ravi la 1ʳᵉ place en 2009. Le pétrole occupe une part assez stable dans le bouquet énergétique total (35 % en 2022). La part du gaz a augmenté rapidement, passant de 25 % en 2010 à 35 % en 2022, tandis que celle du charbon et du lignite a chuté de 12 points de pourcentage depuis 2010, à 11 %. L’électricité primaire représente 14 % et la biomasse 5 % en 2022. La part des sources décarbonées a augmenté de 3 points depuis 2010, pour atteindre 19 % en 2022.
Perspectives énergétiques
Les prévisions officielles à long terme de l’Agence d’information sur l’énergie (Energy Information Administration - EIA) (Annual Energy Outlook 2022, scénario de référence) tablent sur une augmentation de la consommation d’énergie de 27 % jusqu’en 2050 (0,9 %/an en moyenne).
L’EIA prévoit que la production de pétrole brut atteindra en moyenne 12,4 mbl/j en 2023 et 12,8 mbl/j en 2024 (+ 4 % et + 8 % par rapport à 2022). La production de pétrole devrait continuer à augmenter de 18 % jusqu’au milieu des années 2020 avant de plafonner à environ 13 mb/j (contre 11,9 mb/j en 2022). Après 2030, la production devrait diminuer légèrement pour atteindre 12 mb/j en 2040 avant de remonter à 13 mb/j en 2050, selon le scénario de référence. Au total, 55 GW de capacités électriques sont actuellement en cours de construction, principalement des énergies renouvelables. Le scénario de référence de l’EIA prévoit une augmentation de 62 % de la capacité américaine sur la période 2021-2050. La part des énergies renouvelables (y compris l’hydroélectricité conventionnelle) dans la capacité de production devrait atteindre 40 % en 2050, contre 31 % en 2022.
Figure 2. Bouquet électrique en 2022 (en pourcentage)
Source : Enerdata, Global Energy & CO2 Data